La chevelure – Charles Baudelaire

Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit … Lire la suite­­

Le mauvais moine – Charles Baudelaire

Les cloîtres anciens sur leurs grandes murailles Étalaient en tableaux la sainte vérité, Dont l’effet, réchauffant les pieuses entrailles, Tempérait la froideur de leur austérité. En ces temps où du Christ florissaient les semailles, Plus d’un illustre moine, aujourd’hui peu cité, Prenant pour atelier le champ des funérailles, Glorifiait la mort avec simplicité. – Mon … Lire la suite­­

L’offrande – Renée Vivien

Pour lui prouver que je l’aime plus que moi-même, Je donnerai mes yeux à la femme que j’aime. Je lui dirai d’un ton humble, tendre et joyeux : Ma très chère, voici l’offrande de mes yeux. Je te donnerai mes yeux qui virent tant de choses. Tant de couchants et tant de mers et tant … Lire la suite­­

Paroles à l’Amie – Renée Vivien

Tu me comprends : je suis un être médiocre, Ni bon, ni très mauvais, paisible, un peu sournois. Je hais les lourds parfums et les éclats de voix, Et le gris m’est plus cher que l’écarlate ou l’ocre. J’aime le jour mourant qui s’éteint par degrés, Le feu, l’intimité claustrale d’une chambre Où les lampes, … Lire la suite­­

Intérieur – Renée Vivien

Dans mon âme a fleuri le miracle des roses. Pour le mettre à l’abri, tenons les portes closes. Je défends mon bonheur, comme on fait des trésors, Contre les regards durs et les bruits du dehors. Les rideaux sont tirés sur l’odorant silence. Où l’heure au cours égal coule avec nonchalance. Aucun souffle ne fait … Lire la suite­­

Le dormeur du val – Arthur Rimbaud

C’est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD’argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,Pâle … Lire la suite­­

Nos Chats – Georges Perec

Amants brûlants d’amour, Savants aux pouls glaciaux Nous aimons tout autant dans nos saisons du jour Nos chats puissants mais doux, honorant nos tripots Qui, sans nous, ont trop froid, nonobstant nos amours. Ami du Gai Savoir, ami du doux plaisir Un chat va sans un bruit dans un coin tout obscur Oh Styx, tu … Lire la suite­­