Bercée de chair frémissante pâture Sur les rives du sang qui déchirent le jour Le sang nocturne l’a chassée Échevelée la gorge prise aux abus de l’orage Victime abandonnée des ombres Et des pas les plus doux et des désirs limpides Son front ne sera plus le repos assuré Ni ses yeux la faveur de … Lire la suite
Poésie
La vie antérieure – Charles Baudelaire
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux, Et que leurs grands piliers, droits et majestueux, Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques. Les houles, en roulant les images des cieux, Mêlaient d’une façon solennelle et mystique Les tout-puissants accords de leur riche musique Aux couleurs du couchant … Lire la suite
Le serpent qui danse – Charles Baudelaire
Que j’aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau ! Sur ta chevelure profonde Aux âcres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns, Comme un navire qui s’éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain. Tes yeux, où rien … Lire la suite
La Fusée – Renée Vivien
Vertigineusement, j’allais vers les Etoiles… Mon orgueil savourait le triomphe des dieux, Et mon vol déchirait, nuptial et joyeux, Les ténèbres d’été, comme de légers voiles… Dans un fuyant baiser d’hymen, je fus l’amant De la Nuit aux cheveux mêlés de violettes, Et les fleurs du tabac m’ouvraient leurs cassolettes D’ivoire, où tiédissait un souvenir … Lire la suite
Le jardin matinal – Renée Vivien
Viens, les heures d’amour dont furtives et rares… Le jardin matinal est plein d’oiseaux bizarres. Chère, je te convoie à ce royal festin. Je ne veux pas jouir seule de ce matin. L’aube heurte le ciel comme une porte close. Viens boire la rosée au cœur blond de la rose. Bois la rosée ainsi qu’une … Lire la suite
Sois Femme – Renée Vivien
Très chère, sois plus femme encore, si tu veux Me plaire davantage et sois faible et sois tendre, Mêle avec art les fleurs qui parent tes cheveux, Et sache t’incliner au balcon pour attendre. Ce qu’il est de plus grave en un monde futile, C’est d’être belle et c’est de plaire aux yeux surpris, D’être … Lire la suite
Nous avons fait la nuit – Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard
Nous avons fait la nuit je tiens ta main je veille Je te soutiens de toutes mes forces Je grave sur un roc l’étoile de tes forces Sillons profonds où la bonté de ton corps germera Je me répète ta voix cachée ta voix publique Je ris encore de l’orgueilleuse que tu traites comme une … Lire la suite
Il pleure dans mon coeur – Paul Verlaine
Il pleure dans mon coeurComme il pleut sur la ville ;Quelle est cette langueurQui pénètre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluiePar terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s’ennuie,Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raisonDans ce cœur qui s’écoeure.Quoi ! nulle trahison ?…Ce deuil est … Lire la suite
La gomme coule – Francis Jammes
La gomme coule en larmes d’or des cerisiers. Cette journée, ô ma chérie, est tropicale : Endors-toi donc dans le parterre où la cigale Crie aigrement aux coeurs touffus des vieux rosiers. Dans le salon où l’on causait, hier vous posiez… Mais aujourd’hui nous sommes seuls – Rose Bengale ! Endormez-vous tout doucement dans la … Lire la suite
La Mort et le malheureux – Jean de La Fontaine
Un malheureux appelait tous les jours La Mort à son secours. " O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle ! Viens vite, viens finir ma fortune cruelle. ! " La Mort crut, en venant, l’obliger en effet. Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre. " Que vois-je ? cria-t-il, : ôtez-moi cet objet ; Qu’il est hideux ! que … Lire la suite