Poème de l’amour – Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

Sauf toi, tous les humains regards
Peuvent s’assurer de ma peine;
Loin de toi, je gis, l’oeil hagard,
Sans voix, et respirant à peine.

Que fais-tu, toi qui n’es aimé
Que de moi seule avec extase ?
Saurai-je desceller le vase
De ton beau sourire fermé ?

Se peut-il qu’il soit admissible
Quand tout dans l’amour est possible
Que je périsse de désir ?
– Bel être qu’on ne peut saisir,
Âme ferme, calme, têtue,
Confiante en des lendemains,
Lorsque, moi, chaque heure me tue,
Pourquoi ne pas tendre ta main
À ma main qui, rien qu’en touchant
Ton poignet nonchalant et triste,
M’indiquerait pourquoi j’existe,
Et me restituerait mon chant !…

Poème de l’amour
Poèmes de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

Citations de Anna de Brancovan, comtesse de Noailles