Sonnet de porcelaine – Renée Vivien

Le soir, ouvrant au vent ses ailes de phalène, Évoque un souvenir fragilement rosé, Le souvenir, touchant comme un Saxe brisé, De ta naïveté fraîche de porcelaine. Notre chambre d’hier, où meurt la marjolaine, N’aura plus ton regard plein de ciel ardoisé, Ni ton étonnement puéril et rusé… Ô frissons de ta nuque où brûlait … Lire la suite­­

Demain, dès l’aube – Victor Hugo

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,Triste, et … Lire la suite­­

Sois soumis, mon chagrin – Georges Perec

Sois soumis, mon chagrin, puis dans ton coin sois sourd. Tu la voulais la nuit, la voilà, la voici : Un air tout obscurci a chu sur nos faubourgs, Ici portant la paix, là-bas donnant souci. Tandis qu’un vil magma d’humains, oh, trop banals, Sous l’aiguillon Plaisir, guillotin sans amour, Va puisant son poison aux … Lire la suite­­

Le Loup devenu Berger – Jean de La Fontaine

Un loup, qui commençait d’avoir petite part Aux brebis de son voisinage, Crut qu’il fallait s’aider de la peau du renard, Et faire un nouveau personnage. Il s’habille en berger, endosse un hoqueton, Fait sa houlette d’un bâton, Sans oublier la cornemuse. Pour pousser jusqu’au bout la ruse, Il aurait volontiers écrit sur son chapeau : … Lire la suite­­

L’Amour et la Mort – Louise Ackermann

À M. Louis de Ronchaud I Regardez-les passer, ces couples éphémères ! Dans les bras l’un de l’autre enlacés un moment, Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières, Font le même serment : Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent Avec étonnement entendent prononcer, Et qu’osent répéter des lèvres qui pâlissent … Lire la suite­­