Le soir, ouvrant au vent ses ailes de phalène, Évoque un souvenir fragilement rosé, Le souvenir, touchant comme un Saxe brisé, De ta naïveté fraîche de porcelaine. Notre chambre d’hier, où meurt la marjolaine, N’aura plus ton regard plein de ciel ardoisé, Ni ton étonnement puéril et rusé… Ô frissons de ta nuque où brûlait … Lire la suite
Poésie
Puisqu’il le faut – Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard
Dans le lit plein ton corps se simplifie Sexe liquide univers de liqueur Liant des flots qui sont autant de corps Entiers complets de la nuque aux talons Grappe sans peau grappe-mère en travail Grappe servile et luisante de sang Entre les seins les cuisses et les fesses Régentant l’ombre et creusant la chaleur Lèvre … Lire la suite
Demain, dès l’aube – Victor Hugo
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,Triste, et … Lire la suite
Sois soumis, mon chagrin – Georges Perec
Sois soumis, mon chagrin, puis dans ton coin sois sourd. Tu la voulais la nuit, la voilà, la voici : Un air tout obscurci a chu sur nos faubourgs, Ici portant la paix, là-bas donnant souci. Tandis qu’un vil magma d’humains, oh, trop banals, Sous l’aiguillon Plaisir, guillotin sans amour, Va puisant son poison aux … Lire la suite
Le Dragon à plusieurs têtes et le dragon à plusieurs queues – Jean de La Fontaine
Un envoyé du Grand Seigneur Préférait, dit l’histoire, un jour chez l’Empereur, Les forces de son maître à celles de l’Empire. Un Allemand se mit à dire : " Notre prince a des dépendants Qui, de leur chef, sont si puissants Que chacun d’eux pourrait soudoyer une armée. " Le chiaoux, homme de sens, Lui dit : " Je sais … Lire la suite
L’Oiseau blessé d’une flèche – Jean de La Fontaine
Mortellement atteint d’une flèche empennée, Un oiseau déplorait sa triste destinée, Et disait, en souffrant un surcroît de douleur : " Faut-il contribuer à son propre malheur ! Cruels humains ! vous tirez de nos ailes De quoi faire voler ces machines mortelles. Mais ne vous moquez point, engeance sans pitié : Souvent il vous arrive un sort comme le … Lire la suite
Le Loup devenu Berger – Jean de La Fontaine
Un loup, qui commençait d’avoir petite part Aux brebis de son voisinage, Crut qu’il fallait s’aider de la peau du renard, Et faire un nouveau personnage. Il s’habille en berger, endosse un hoqueton, Fait sa houlette d’un bâton, Sans oublier la cornemuse. Pour pousser jusqu’au bout la ruse, Il aurait volontiers écrit sur son chapeau : … Lire la suite
L’Amour et la Mort – Louise Ackermann
À M. Louis de Ronchaud I Regardez-les passer, ces couples éphémères ! Dans les bras l’un de l’autre enlacés un moment, Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières, Font le même serment : Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent Avec étonnement entendent prononcer, Et qu’osent répéter des lèvres qui pâlissent … Lire la suite
Elle était déchaussée, elle était décoiffée – Victor Hugo
Elle était déchaussée, elle était décoiffée, Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ; Moi qui passais par là, je crus voir une fée, Et je lui dis: Veux-tu t’en venir dans les champs ? Elle me regarda de ce regard suprême Qui reste à la beauté quand nous en triomphons, Et je lui … Lire la suite
Elle se penche sur moi – Eugène Emile Paul Grindel, dit Paul Eluard
Elle se penche sur moi Le cœur ignorant Pour voir si je l’aime Elle a confiance elle oublie Sous les nuages de ses paupières Sa tête s’endort dans mes mains Où sommes-nous Ensemble inséparables Vivants vivants Vivant vivante Et ma tête roule en ses rêves. Elle se penche sur moiPoèmes de Eugène Emile Paul Grindel, … Lire la suite