Les Bijoux – Charles Baudelaire

La très chère était nue, et, connaissant mon coeur, Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores, Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores. Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, Ce monde rayonnant de métal et de pierre Me ravit en extase, … Lire la suite­­

La chevelure – Charles Baudelaire

Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit … Lire la suite­­

Il Bacio – Paul Verlaine

Baiser ! rose trémière au jardin des caresses ! Vif accompagnement sur le clavier des dents Des doux refrains qu’Amour chante en les coeurs ardents Avec sa voix d’archange aux langueurs charmeresses ! Sonore et gracieux Baiser, divin Baiser ! volupté non pareille, ivresse inénarrable ! Salut ! l’homme, penché sur ta coupe adorable, S’y … Lire la suite­­

De la Lumière ! – Louise Ackermann

Quand le vieux Gœthe un jour cria : « De la lumière ! » Contre l’obscurité luttant avec effort, Ah ! Lui du moins déjà sentait sur sa paupière Peser le voile de la mort. Nous, pour le proférer ce même cri terrible, Nous avons devancé les affres du trépas ; Notre œil perçoit encore, oui ! Mais, supplice horrible ! C’est notre … Lire la suite­­

Satan – Louise Ackermann

Nous voilà donc encore une fois en présence, Lui le tyran divin, moi le vieux révolté. Or je suis la Justice, il n’est que la Puissance ; A qui va, de nous deux, rester l’Humanité ? Ah ! tu comptais sans moi, Divinité funeste, Lorsque tu façonnais le premier couple humain, Et que dans ton Éden, sous ton … Lire la suite­­

O Nature ! bientôt – Louise Ackermann

O Nature ! bientôt, sous le nom d’industrie, Tu vas tout envahir, tu vas tout absorber. Le poète navré s’indigne et se récrie : « Quoi ! sous ce joug brutal il faudra nous courber ? Non, tant que la beauté dominera l’argile, Dans le conflit sacré, c’est nous qui l’emportons. Comme le bras, la voix a sa tâche virile ; … Lire la suite­­